Vestiges de la forteresse
primitive :
De la première
période de Germolles, le XIIIe siècle, datent
deux salles particulièrement bien conservées
et intégrées au sein du palais ducal aménagé
ultérieurement.
L'impressionnant
cellier, vaste espace réservé jadis à
la conservation du vin, a conservé intact son aspect
médiéval. Son architecture fait se côtoyer
éléments gothiques, marques de la nouvelle architecture
qui se développe alors en Occident, et éléments
romans, souvenirs d'un style qui a marqué la Bourgogne
au cours des deux siècles précédents.
La jolie chapelle basse, qui présente les mêmes
caractéristiques, offre un décor sculpté
mêlant têtes issues du répertoire roman
et feuillages annonçant l'avènement du gothique.
Les deux tours qui
cantonnent l'entrée du château existaient sans
doute dès le XIIIe siècle. Elles ont été
réutilisées et habillées au XIVe siècle.
Même si à l'époque ducale le château
n'était plus véritablement une forteresse, mais
bien un palais, la qualité des maîtres des lieux
exigeait la présence d'une escorte qu'il fallait loger.
Les hautes et puissantes tours conservaient par ailleurs une
forte valeur symbolique.
Une fastueuse demeure
princière :
A l'entrée
de la cour, un large escalier à vis accueille le visiteur.
Marque du caractère palatial du lieu, cet escalier
possède une ampleur soulignant la qualité de
la demeure. La porte d'entrée est décorée
d'un tympan sculpté figurant les armes de la Bourgogne.
La salle d'honneur,
vaste salle de réception utilisée pour recevoir
au XIVe siècle les hôtes de marque, a été
dévastée par incendie au début du XIXe
siècle, mais elle a conservé son ampleur. La
paroi du fond était jadis ornée d'une cheminée
monumentale surmontée d'une tribune pour les musiciens,
transportée au XIXe siècle dans le grand hall
du château. Elle est ornée de chapiteaux historiés
dus au ciseau de Claus Sluter et de son atelier. La salle
d'honneur sert aujourd'hui de lieu de présentation
de vestiges découverts sur le site, et en particulier
de carreaux de pavage. Le château conserve une abondante
collection de ces pièces qui décoraient autrefois
le sol des salles des premier et second étages de la
demeure. Réalisés en terre cuite émaillée,
ces carreaux sont souvent ornés de motifs évocateurs
des seigneurs du lieu : marguerite, lion, mais aussi roses,
chardons, etc.
Une chapelle pour
la duchesse :
L'architecte officiel
de la duchesse a conçu une chapelle haute juste au-dessus
de la chapelle basse, jugée trop archaïque et
placée à un endroit peu convenable pour une
dame de cet état. Sise au premier étage - l'étage
" noble " - ce sanctuaire est composé d'une
nef, mais surtout d'un chœur, installé dans une
élégante tourelle octogonale en échauguette,
et d'un oratoire, petite pièce confortable, dotée
d'une cheminée, réservée aux dévotions
de la maîtresse des lieux.
À la fin du
XIXe siècle, un incendie a hélas ravagé
cet ensemble raffiné, décapitant cette partie
du bâtiment et mettant à ciel ouvert les délicats
vestiges. En 2009/2010, une campagne de restauration, conduite
avec l'aide de l'État et du Département de Saône-et-Loire,
a permis de restituer à la tourelle du chœur son
toit en ardoise et de redonner à la nef le volume qui
était jadis le sien en récréant sa voûte.
La chapelle haute a ainsi retrouvé ses espaces et sa
préciosité.
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Confort à
la cour de Bourgogne :
Le corps de logis,
actuellement séparé du reste de l'édifice,
mais qui appartenait autrefois au même bâtiment
ceinturant la cour, est sans doute la partie la plus exceptionnelle
du lieu. Particulièrement bien conservé, il
a gardé bien des détails qui attestent de la
qualité de sa construction : larges fenêtres
ouvertes sur l'extérieur, nobles tourelles d'escalier
en pierres de taille, belles cheminées gothiques...
Sa structuration sur trois niveaux est la traduction architecturale
de la cour brillante accompagnant le duc et la duchesse de
Bourgogne : le rez-de-chaussée est réservé
aux activités domestiques, le premier étage
est celui de la suite ducale et le second correspond aux appartements
de la cour.
Dans une cuisine
située au rez-de-chaussée, la grande cheminée
gothique toujours en place atteste de la destination première
de ce lieu. Un décor de peintures murales, inspiré
du motif médiéval de la rose, témoigne
des réfections conduites au XIXe siècle.
Au premier étage,
la garde-robe de Marguerite de Bavière (belle-fille
du couple ducal et future duchesse de Bourgogne), possède
encore ses peintures murales récemment restaurées.
Réalisées à la fin du XIVe siècle
par Jean de Beaumetz et son élève Arnoult Picornet,
ces œuvres constituent un témoignage rarissime
de la peinture murale princière en France à
la fin du Moyen Âge. Le motif du P et du M, initiales
du duc et de la duchesse, qui se développe sur les
parois, est accompagné de celui du chardon, noble fleur
droite mais piquante, emblème de Marguerite de Flandre.
Ce décor, qui se prolongeait autrefois sur le sol et
le plafond, se retrouve dans la chambre voisine. Des sondages
ont permis de découvrir d'autres peintures murales
dans d'autres salles de l'étage, avec roses et marguerites.
Les galetas, ou chambres
sous charpentes, qui couronnent le château au second
étage, recevaient les courtisans qui accompagnaient
le couple ducal dans ses déplacements. Aménagées
sous d'immenses charpentes en carène lambrissée,
ces espaces, auxquels les murs clairs donnaient autrefois
leur clarté, recevaient des tapisseries. L'une de ces
salles, restaurée au XIXe siècle, est couverte
de peintures murales copiées d'après les originaux
rencontrés au premier étage.
Des jardins pour
la duchesse :
Du magnifique jardin
créé par Marguerite de Flandre et de la fameuse
roseraie qui en était le principal ornement, il ne
reste plus rien aujourd'hui. Replanté dans le goût
romantique anglais à la fin du XIXe siècle,
le parc offre un bel espace, semé de vieux arbres,
parfois rares, tels un cyprès chauve, un tulipier de
Virginie, un gincko biloba, un araucaria, ou de beaux bouquets
de tilleuls et de cyprès.
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