Les origines :
Le site de Germolles
est occupé dès le XIIIe siècle par une
maison forte bâtie par les seigneurs des lieux : les
sires de Germolles. En 1380, la situation financière
de ces propriétaires est telle, qu'ils doivent se séparer
du domaine. Il est alors acquis par le duc de Bourgogne Philippe
le Hardi.
On connaît mal la physionomie de la forteresse originelle.
Sans doute s'agissait-il d'un château flanqué
de grosses tours et ceint de murs solides percés de
rares fenêtres. De ce bâtiment primitif subsistent
aujourd'hui deux éléments : la chapelle basse
et le cellier.
La demeure de plaisance
de Marguerite de Flandre :
Philippe le Hardi
offre très rapidement Germolles à son épouse,
la duchesse Marguerite de Flandre. D'importants et coûteux
travaux sont immédiatement entrepris et dureront une
dizaine d'années. La duchesse souhaite transformer
l'austère et archaïque forteresse du XIIIe siècle
en une demeure confortable. Elle appelle pour cela à
son service les artistes habituellement attachés au
couple ducal : l'architecte Drouet de Dammartin, le sculpteur
Claus Sluter et le peintre Jean de Beaumetz.
L'édifice
se métamorphose peu à peu en un somptueux palais
campagnard, en l'un de ces lieux qu'André Mussat nomme
"châteaux fermes". Il dessine un vaste rectangle
enserrant une cour fermée cernée de douves en
eau. Les ailes sud et est abritent les appartements, tandis
que l'aile ouest est consacrée aux espaces de réception.
L'aile nord est attribuée aux gardes.
La duchesse de Bourgogne,
énergique et terrienne, décide de développer
à Germolles certaines activités rustiques susceptibles
de composer un environnement plaisant à sa demeure
préférée, tout en rapportant quelque
argent dans les caisses et en développant l'agriculture
locale. Elle plante ainsi une vaste roseraie. Les pétales
sont expédiés en Flandre pour y être distillés
et faire de l'eau de rose.
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Elle construit également
une bergerie modèle pour mieux implanter le mouton
en Bourgogne. La fortune de sa famille s'est en effet bâtie
sur l'industrie textile des villes flamandes, grâce
à la laine importée d'Angleterre.
La visite d'un roi
:
Lorsque le 12 février
1390 le roi Charles VI est reçu à Germolles,
à l'invitation de son oncle et de sa tante, il peut
apprécier la qualité du lieu. Accueilli dès
l'entrée du palais par la duchesse en personne, le
roi reçoit des mains de celle-ci une couronne de roses.
Charles VI ne manque certainement pas d'admirer la grande
sculpture peinte représentant grandeur nature le duc
et son épouse, signée par Claus Sluter. Il regarde
sans doute attentivement la salle d'honneur, avec sa cheminée
monumentale et sa tribune pour les musiciens et il admire
les peintures murales qui ornent les parois de toutes les
salles du premier étage.
Crépuscule
d'un palais princier :
Le château
appartient aux ducs de Bourgogne jusqu'à la mort de
Charles le Téméraire, en 1477. Le roi le concède
alors à une nouvelle famille, qui en reste propriétaire
jusqu'à la Révolution. Des destructions, volontaires
ou accidentelles, dues en particulier au manque d'entretien
des lieux, vont entraîner la disparition de certaines
parties de l'édifice. Racheté à la fin
du XIXe siècle, le château est depuis lors demeuré
dans la même famille.
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